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© Judith Lorach 2010

 Souvenirs fragiles de nos apparitions

 

 

Installation photographique au Théâtre National de Toulouse  

Tirages argentiques sur 170 lames de microscope

- Octobre 2010 -

 

 

 

"Se rappeler sans se souvenir".... comme le suggère cette formule du psychanalyste Roland Gori, l'oubli d'une impression ne signifie pas toujours la disparition, l'extinction du souvenir. Réminiscences, sentiment de "déjà vu", censures inconscientes, c'est dans ce labyrinthe des mémoires intimes que nous convie Judith Lorach avec son installation photographique au studio du TNT dans le cadre du Festival La Novela.

 

Pendant plus de 10 ans, Judith Lorach a capté des instants de sa vie à Toulouse par le prisme de son appareil photographique. Des milliers de ces négatifs sont restés stockés dans des classeurs de moins en moins ouverts au fil des années. Dans cette mémoire visuelle enfouie, dans ces empreintes d'un passé oublié, Judith Lorach est allée puiser pour élaborer cette installation commandée par le Festival La Novela. Il ne s'agit pas de "photos-souvenirs" dont la fonction serait d'immortaliser un lieu, un instant de vie ou un visage, mais bien de "souvenirs de photos" pour lesquels l'artiste a choisi, recadré, réinterprété les facettes de ce kaléidoscope d'une vie toulousaine photographiée.

L'installation se compose de 170 lames de microscope sur lesquelles ont été tirés des extraits de ces clichés noir et blanc au moyen d'une émulsion photosensible. Ce procédé dont le rendu est aléatoire et unique donne à voir des images tronquées, déformées, mais aussi délicates et sensuelles. Pour autant, le recours à ces lames de microscope ne répond pas seulement à une nécessité esthétique. Il renvoie à l'idée de prélèvement biologique, de fragments du réel, d'analyse. Il se réfère aussi explicitement à Sigmund Freud qui établissait lui-même un parallèle entre le terme de psychanalyse et le travail d'analyse qu'accomplit un chimiste derrière son microscope.

A l'ère du tout numérique, le mythe d'un stockage infini des données laisse penser que l'on aurait accès à une mémoire objective, infaillible, sans passer par le sujet. Refoulement, fantasmes, rêves, souvenirs écrans.... la convocation de ces notions fondatrices de la psychanalyse permet de jeter un regard critique sur la toute puissance symbolique, voire idéologique des nouvelles technologies.

Dans ce travail introspectif, Judith Lorach invite le spectateur, témoin de ces traces singulières de disparition, à un voyage intime mais non voyeur. Car c'est par l'inscription de l'empreinte, avec la dimension de la perte possible, que chacun d'entre nous retrouve des indices de ses propres passages.

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