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Latentia – les absences révélées

 

Exposition à la Fontaine Obscure

Aix-en-Provence - Février 2012 -

 

 

 

Ce sont des images endormies que Judith Lorach s’autorise à réveiller dans cette exposition « Latentia - les absences révélées ».

La chimie argentique peut rendre visible une image latente : une image qui ne se manifeste pas encore, mais demeure susceptible d’apparaître à un moment choisi. 

C’est dans ce processus de révélation, de résurgence, que son travail prend naissance.

Dans « Apparaissances », les personnages ne sont plus tout à fait présents ou pas encore absents. Les clichés de Judith Lorach sont des lieux transitoires. Comme dans ses travaux précédents, elle revisite ce temps fugace dont on ne saurait dire s’il est celui de l’apparition, de la disparition, de la mémoire presque évanouie ou du souvenir juste renaissant.

 

Pour son installation « Latentia I - témoignages de verre », l’artiste a capté les reflets sur l’asphalte humide des passages ou des disparitions de personnages anonymes. Parallèlement, elle a utilisé de vieux négatifs du début du XXème siècle trouvés sur des brocantes (photographies sur verre au gélatino-bromure d’argent), qu’elle a recadrés, puis révélés en les retravaillant sur des plaques de verre, redonnant une existence à ces êtres disparus, dont même les proches n’ont pas su ou voulu cultiver la mémoire. Dans un dialogue entre argentique et numérique, l’application sélective de l’émulsion photosensible sur le verre entre en résonance avec le miroitement imprévisible de l’eau de pluie. A peine réalisée, la photographie devient alors une preuve de l’absence, le support d’un deuil à venir mais aussi le moyen ultime d’une survivance, voire d’une réapparition. Il ne s’agit pas là d’une simple restitution. Les négatifs pourraient demeurer des cénotaphes où gisent, insensibles au temps, les traces de vies disparues. Mais lorsquelle apparaît, l’image photographique représente aussi le vestige indéchiffrable d’une réalité que nous ne pourrons que réinventer.

 

L’installation « Latentia II - témoignages de pierres » est composée de galets polis par le temps sur lesquels sont développés des fragments de pierres tombales. Celles-ci témoignent des parcours intimes d’hommes, de femmes ou d’enfants dont la trace se réduit souvent à ces quelques signes gravés. Cette rémanence ne se donne à voir qu’au reflet d’un miroir au tain depuis longtemps altéré. Incidemment, le reflet de notre visage au milieu de ces absences révélées, mettant en abîme le rapport de chacun d’entre nous à son propre passage, nous inscrit dans cette double révélation. 

 

Images enfouies, personnages effacés de la mémoire du photographe, reflets éphémères de nos vies transitoires… 

En faisant réapparaître ce qui a déjà disparu, et disparaître ce qui était encore existant, la confrontation des objets photographiques de Judith Lorach déplace nos repères : le regard du spectateur oscille entre un présent fugitif et un passé dont on ne saura jamais ce qu’il fut vraiment.

Ces évocations ne nous parlent pas de la mort, comme le feraient des Vanités. Ni morbides ni nostalgiques elles attestent juste de nos ambivalences face à la fragilité du souvenir et au refus de l’oubli.

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